“Votre réforme fiscale tient sur un post-it”
-Le 10 FEVRIER 2025-
Lors des débats sur l’accord de gouvernement Arizona de Bart De Wever, qui ont duré plus de 40 heures, notre député DéFI François De Smet est monté à la tribune pour défendre les victimes de ce gouvernement, très certainement l’un des plus conservateurs de notre histoire, et dirigé pour la première fois par un nationaliste flamand.

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Publié le 10.02.2025
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Sur le socio-économique, il faut convenir que tout n’est pas à jeter. Le soutien à l’esprit d’entreprise, y compris ceux qui démarrent, y compris le statut d’étudiant-entrepreneur, est à relever. Il y a aussi quelques vraies avancées promises sur le plan social, comme par exemple le recouvrement des créances alimentaires.
Personne ne peut nier qu’il faut réformer le marché de l’emploi. Le taux d’emploi est faible et ne suffit pas à faire avancer notre pays, à assurer ses prestations sociales et ses pensions. Le problème est que l’Arizona considère que tous les efforts doivent être faits par les employés, les demandeurs d’emploi et les malades.
L’Arizona n’est pas dans une logique où le travailleur constitue la plus-value d’une entreprise, mais où il est un frein potentiel (absentéisme , maladies de longue durée). C’est une logique punitive et de coercition, non formatrice. Le droit à la formation n’est qu’une variable d’ajustement alors qu’il devrait être au coeur de la réforme du marché du travail
Il y a aussi l’absence de vraie réforme fiscale. Un effort pour relever la quotité exemptée d’impôts, oui, mais sans toucher aux tranches et avec un résultat qui permettra peut-être en fin de législature un gain modeste. On s’aperçoit qu’à partir de l’exercice d’imposition 2029 (premier exercice où la réforme fiscale devrait produire l’ensemble de ses effets), un contribuable moyen devrait alors pouvoir obtenir un gain fiscal cumulé de 1 200 euros par an, soit 100 euros par mois.
Ce gouvernement se caractérise aussi par un certain nombre d’attaques et de fragilisations.
L’affaiblissement de l’Etat fédéral par ce gouvernement s’atteste d’abord par l’attaque de l’Arizona sur les contre-pouvoirs.
L’Arizona s’attaque à Unia, en diminuant brutalement leur budget de 25%. Pourquoi ? On ne sait pas. Ça tient juste en une ligne, sans justification. C’est un règlement de comptes idéologique. Idem sur l’institut de l’égalité entre hommes et femmes, qui sera audité.
L’Arizona coupe l’aide à la coopération au développement pour près de 1,2 milliards. Elle s’attaque aux associations en diminuant l’avantage fiscal de dons, ce qui est aussi l’attaque d’un contre-pouvoir.
Elle attaque aussi ce contre-pouvoir qu’est la concertation sociale, considérant que ce n’est plus une plus-value de notre modèle sociétal, mais un coût, et les syndicats sont clairement en ligne de mire. Or affaiblir la concertation sociale , c’est affaiblir la démocratie.
La deuxième victime, après les contre-pouvoirs, ce sont à l’évidence les femmes. La composition même de ce gouvernement montre qu’il n’a aucunement l’intention de lutter contre le plafond de verre, alors que 60% des diplômés du supérieur sont des femmes.
L’Arizona ne s’attaque pas aux femmes seulement en les reléguant à l’arrière des photos. Ce sont les principales victimes de votre politique sur les pensions. La condition des 35 années de travail effectif et le malus pension vont toucher durement les femmes et accentueront encore davantage les inégalités existantes. Chacun le sait, les femmes ont en moyenne plus de « trous » dans leur carrière, de périodes assimilées et sont plus susceptibles de travailler à temps partiel.
Sur l’IVG, comme depuis déjà deux législatures, c’est le conservatisme du CD&V qui a gagné.
L’Arizona, c’est aussi la fragilisation de Bruxelles. D’abord Bruxelles via Beliris, en diminuant l’enveloppe: 150 millions pour toute la durée de la législature! Une mesure injuste qui va directement affecter les Bruxellois et les navetteurs, et dont la première victime risque bien d’être le métro.
Et puis il y a la fusion forcée des zones de police bruxelloise. D’abord c’est une négation pure et simple du fait régional bruxellois. L’accord de gouvernement plaide pour une fusion volontaire des zones de police en région flamande et wallonne mais impose la fusion des zones à Bruxelles ! Pourquoi cette différence de traitement? Les Flamands et les Wallons sont assez grands pour savoir si leurs zones doivent fusionner, mais les Bruxellois ne le seraient pas ? Rien que cela est honteux sur le principe.
Ensuite, nous avons typiquement ici un affrontement entre une vision idéologique induite par le nationalisme d’une part, et une vision pragmatique, opérationnelle défendue par celles et ceux qui connaissent les réalités de leur ville, d’autre part. Personne ne demande cette fusion à Bruxelles. Elle n’est appuyée par aucun élément rationnel. Au contraire, la seule étude sur le sujet, menée par l’université de Gand, démontre qu’une fusion n’a aucune plus-value. Cette fusion va réduire le pouvoir de proximité des zones, leur représentation démocratique, la connaissance des quartiers et donc l’efficacité de la prévention, mais aussi la rapidité des interventions en cas d’urgence.
Sur la migration, sous l’Arizona, la Belgique rejoint avec fierté le club des pays les plus à droite et conservateurs européens, avec des mesures vexatoires et posant question sur les Droits de l’homme (fouille des téléphones, sanctions financières), sans compter les visites domiciliaires, ce qui permettra aux autorités d’aller chercher des gens chez eux pour les expulser. Vous allez vous attaquer aux avocats en droit des étrangers et à l’aide juridique.
Il est dommage que, là encore, l’idéologie n’ait pas un tant soit peu cédé le pas au pragmatisme. Là encore, reconnaissons qu’il y avait des choses à faire et qu’on ne peut laisser autant d’ordre de quitter le territoire non exécutés. Mais le pragmatisme c’aurait été de partir de la situation telle qu’elle est. C’est de constater qu’il y à la fois plus de 100 000 personnes sans-papiers sur notre territoire et une série de jobs en pénurie. On continue à condamner à l’errance et la mort sociale des personnes qui peuvent nous aider à construire notre économie.
En conclusion, tout l’accord de gouvernement reflète le nationalisme et l’institutionnel. Tout le subterfuge de cet accord de gouvernement consiste à faire croire qu’il n’y a rien d’institutionnel alors qu’en réalité presque tout l’accord de gouvernement est empreint de nationalisme et d’institutionnel. Quand le Premier ministre dit à la VRT que “la réforme la plus communautaire que vous puissiez faire est de limiter le chômage dans le temps”, il partage une vision claire: une législature pour l’inventaire, et une autre pour la liquidation. Ce sera le cas pour l’emploi, pour la santé, pour tout ce qui sera possible de diviser par la bande, par affaiblissement.
Ce sera une législature dont la Belgique sortira plus affaiblie. Nous combattrons chaque jour ce que ce gouvernement nous prépare comme reculs.
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