Libramont : “Le Collège veut déposséder les habitants de Wideumont de leur patrimoine”

“Je ne suis pas totalement surpris car la bourgmestre avait déjà essayé de faire passer le point en mars 2024, mais je m’étais désolidarisé de mes collègues du groupe Chevi”, se rappelle Jonathan Martin, l’ancien échevin du patrimoine. Aujourd’hui, devenu chef de file de la minorité, l’élu DéFI se montre assez critique quant à l’attitude de son successeur. “Je ne comprend pas que Roland Déom puisse soutenir pareille décision. Le premier acte politique du nouvel échevin du patrimoine a donc été d’accepter qu’on dépossède les habitants de Wideumont de leur patrimoine, alors que la déclaration de politique communale de la nouvelle majorité met justement l’accent sur la préservation et la valorisation du patrimoine. C’est incompréhensible”, peste M. Martin.

La chapelle de Wideumont-Station est en fait une petite église, aujourd’hui désacralisée, qui se trouve en face de l’ancienne gare. Elle a été construite en 1906, à l’initiative de Jules Adolphe Verheggen et de l’une de ses filles, Lucie (voir encadré).

“Cette chapelle est la clé de voûte de l’histoire du hameau et fait partie de son patrimoine. Malgré l’arrêté de désaffection, qui date de 2009, elle abrite toujours des pièces d’intérêt patrimonial et est encore fréquentée par des fidèles ainsi que des promeneurs. Je pense notamment aux résidents du centre “Les Elfes”. Il y a peu, le club Elastique en a fait le point de départ de sa promenade contée et un jeune couple du village y a fait baptiser son enfant. Petite anecdote, elle abrite même actuellement une espèce protégée : une chouette effraie”, explique Jonathan Martin.

Contacté par plusieurs habitants, le conseiller communal vient de se rendre sur les lieux. A peine sur place, plusieurs riverains sont venus à sa rencontre pour lui faire part de leurs inquiétudes. Un échange inopiné qui l’a conforté dans sa conviction que ce projet de vente ne peut se passer de l’aval des habitants de Wideumont. C’est ainsi que le leader du groupe EquiLibr’ vient de déposer sur la table du Conseil communal un projet de résolution visant à organiser une consultation citoyenne sur la vente de la chapelle. Mais l’ancien échevin voit déjà plus loin et propose, si la population locale venait à confirmer son attachement à l’édifice, de lancer un appel à projets en vue de sa revitalisation.

“Ce lieu offre de belles possibilités. On sait déjà que le comité des fêtes local, dans le cadre du budget participatif, s’est montré intéressé par l’ancienne sacristie et le petit bosquet situé derrière la chapelle. Leur projet pourrait parfaitement se combiner avec le maintien et l’entretien de la partie autrefois réservée au culte afin que celle-ci puisse toujours profiter aux visiteurs. Sans devoir spécialement toucher au mobilier liturgique, on peut même envisager que cette partie puisse accueillir des projets culturels ponctuels : des expositions, des petits concerts, des conférences, des rencontres littéraires… Le tout, c’est de respecter la fonction d’origine du lieu”, développe Jonathan Martin.

Ce mardi 18 février, l’opposition présentera donc ses arguments à la majorité. L’objectif ? Amener le Collège à reconsidérer la question. Dans le cas contraire, le groupe EquiLibr’ n’exclut pas d’autres actions.

“Je pense que la vente et la privatisation du lieu entrent en contradiction avec les intentions des donateurs successifs. C’est un point qu’il faudrait creuser du point de vue juridique. Mais on peut déjà parler d’un problème moral”, conclut le conseiller de l’opposition.