Libramont, laboratoire du budget participatif

– Le 1ER DÉCEMBRE 2022 –

Depuis 2018, Jonathan Martin est échevin DéFI à Libramont-Chevigny. Durant la campagne électorale, il avait fait de la participation citoyenne son cheval de bataille. Ce n’est donc pas un hasard s’il gère, aujourd’hui, cette compétence au sein du Collège communal. Rencontre avec un mandataire local toujours en quête de challenges. 

 

  • Publié le 01.12.2022

  • min.

Depuis 4 ans, Jonathan Martin s’efforce de rattraper le retard que la Commune avait accumulé dans le domaine de la participation citoyenne. Avec son projet inédit de budget participatif dédié aux villages, il va même plus loin et confirme la capacité d’innovation de DéFI. 

Après avoir fait de la participation citoyenne l’une de vos priorités, quel bilan tirez-vous ? 

Il faut bien l’admettre, tout était à faire. Nous avons d’abord fait de la participation citoyenne une compétence scabinale. Nous y avons aussi consacré des moyens humains et financiers (plus de 60.000 € au budget 2023). Et pour ce qui est des initiatives concrètes, je me réjouis que nous ayons pu concrétiser la retransmission en direct des conseils communaux, faciliter l’interpellation citoyenne, créer un Conseil communal des enfants, un Conseil consultatif communal des aînés et un Groupe de concertation sur le bien-être animal, relancer la CLDR avec une représentation plus équilibrée des villages et, enfin, instaurer un budget participatif. 

Justement, quelle est la spécificité de ce budget participatif ? 

Il est dédié aux villages ! C’est une première en province de Luxembourg, pour ne pas dire en Wallonie. Il doit permettre la mise en œuvre d’au moins un projet citoyen par ancienne commune d’avant fusion d’ici la fin de la législature. Par ancienne commune, il faut entendre Moircy, Freux, Remagne, Bras, Sainte-Marie, Saint-Pierre, Libramont et Recogne. Concrètement, chacune disposera d’un montant maximum de 15.000 € pour améliorer le cadre de vie et/ou la qualité de vie par le biais d’aménagements ou d’évènements. Pour déterminer l’ordre de passage, nous avons eu recours au tirage au sort : deux anciennes communes en 2022, trois en 2023 et les trois dernières en 2024. 

Pourquoi procéder de la sorte ? 

La plupart du temps, les appels à projets s’adressent à l’ensemble des citoyens d’une commune. Cette façon de faire favorise clairement l’entité principale en raison de la réalité démographique. Avec notre budget participatif, la plus grande et la plus entité de la commune sont sur un pied d’égalité. Et nous l’assumons pleinement puisque nous avons conçu notre budget participatif comme un outil de rééquilibrage ! On a souvent entendu dire qu’il n’y en avait que pour Libramont. Pour une fois, Libramont avec ses 4209 habitants et l’ancienne commune de Remagne avec ses 343 habitants seront traitées de la même manière. 

Pourquoi ne pas avoir alors carrément retiré Libramont du projet ? 

On n’instaure pas une démocratie participative en excluant une partie de la population ! Et puis, lorsque ce sera au tour de Libramont, j’espère que le budget participatif pourra plus particulièrement profiter aux comités de quartier et à l’associatif à portée sociale. Ils en ont besoin. 

Autre singularité, vous n’avez pas fait appel à un consultant. Pourquoi ? 

Nous avons naturellement rencontré la plupart des entreprises spécialisées, mais nous avons finalement choisi de développer le projet en interne. D’abord, parce que cela revenait nettement moins cher ! Franchement, je préfère mettre l’essentiel du budget dans les projets des citoyens plutôt que dans des frais de fonctionnement. Ensuite, parce que nous estimions que les solutions proposées ne répondaient pas complètement à nos attentes et qu’elles reposaient essentiellement sur le numérique. 

Dans ces conditions, quels sont les atouts de votre dispositif ? 

La première chose, c’est que nous ne débutons pas directement le processus avec l’appel à projets. Savoir monter un projet, ce n’est pas forcément donné à tout le monde. Par contre, tout le monde a bien sa petite idée sur ce qui pourrait améliorer le quotidien dans son village. C’est pourquoi, nous mettons d’abord en place une campagne d’idées pour identifier les thèmes chers à la population locale et faire émerger les premières grandes idées. L’objectif, c’est de dégager des grandes tendances afin d’inspirer les futurs porteurs d’un projet. Le deuxième grand atout, c’est notre réseau de boîtes à idées citoyennes. Nous en avons installé une dans chacun des 28 villages et hameaux de la commune. C’est bien évidemment symbolique, mais il y a aussi une réelle volonté de répondre aux problèmes de la fracture numérique et de l’isolement. Ces deux spécificités du projet libramontois vise à maximiser la participation. 

Cette campagne ayant déjà eu lieu dans les anciennes communes de Remagne et Bras, quels sont les enseignements que vous pouvez tirer ? 

Le premier enseignement, c’est que nos boîtes à idées citoyennes ont démontré leur plus-value. Pour l’ancienne commune de Remagne, 84 % des participants à la campagne d’idées ont en effet utilisé la boîte. Les 16 % restants ont, quant à eux, opté pour le formulaire en ligne. Et quand on voit que les plus de 65 ans – qui représentaient tout de même 20,4 % des répondants – ont tous utilisé la boîte à idées, on se dit que le tout au numérique a montré ses limites. Dans l’ancienne commune de Bras, 74 % ont privilégié le format papier. Tant à Remagne qu’à Bras, deux thématiques ont plus particulièrement été plébiscitées : l’aménagement de lieux de convivialité et l’amélioration de la sécurité routière. Parmi les grandes idées reçues, on distingue trois catégories. Il y a d’abord les petites suggestions, comme le placement d’un banc à tel ou tel endroit. Elles ne nécessitent bien évidemment pas la mobilisation d’un budget participatif. C’est pourquoi, j’ai échangé avec les échevins concernés pour voir si elles étaient pertinentes et, le cas échéant, si le coût de leur mise en œuvre pouvait être absorbé par les budgets ordinaires des différents services. Il y a ensuite les projets d’envergure, dont le montant dépasse largement les 15 000 € prévus dans le règlement du budget participatif. En fonction de la pertinence, ces projets pourront être ressortis pour répondre à d’éventuels appels à projets de la Région wallonne. Enfin, il y a les idées qui s’inscrivent dans la philosophie du budget participatif. 

Qu’a donné l’appel à projets qui a suivi la campagne d’idées ?

A la suite de l’appel à projets lancé au début de l’été, quatre projets citoyens ont été rentrés pour les anciennes communes de Remagne et Bras : la création d’une plaine de jeux à côté de la salle de Remagne, la création d’une petite aire de convivialité devant l’école de Bras-Haut, la création d’une petite aire de convivialité à proximité de l’église de Bras-Bas et la création de trois promenades balisées au départ de Séviscourt. 

Comment s’est passé la suite ? 

Après analyse de la recevabilité et de la faisabilité par le comité technique, les projets ont été mis en débat lors de deux réunions citoyennes. A l’issue de la phase d’analyse, il est apparu que deux projets pouvaient être mis en œuvre sans trop de problèmes et que les deux autres nécessitaient des investigations supplémentaires. Quoi qu’il en soit, aucun vote n’interviendra finalement puisque le coût total des projets déposés n’excède pas le montant de l’enveloppe budgétaire et que les projets rencontrent les attentes exprimées par la population lors de la campagne d’idées du mois de mai. 

Vous allez prochainement relancer le processus dans d’autres villages ? 

Les prochaines entités qui auront accès au budget participatif sont les anciennes communes de Freux, Libramont et Saint-Pierre. Au début de l’année 2023, une nouvelle campagne d’idées sera donc lancée dans les villages de Freux-Menil, Freux-Suzerain, Bougnimont, Libramont, Saint-Pierre, Presseux, Flohimont, Sberchamps et Lamouline. 

Des choses à améliorer pour l’année prochaine ? 

Les projets rentrés cette année sont assez classiques. Pourtant, le budget participatif permet beaucoup de choses. Il peut aussi bien servir à restaurer et/ou valoriser un élément du petit patrimoine qu’à organiser une excursion intergénérationnelle. Il faudra donc pouvoir faire prendre conscience aux habitants de l’étendue des possibilités. Nous y veillerons en 2023. 

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